Cela fait juste un mois que CHRISTOPHE est parti, en faisant sa nécrologie, j'avais dit avoir nombre d'anecdotes avec lui, et il en est une qui reste pour moi, un grand souvenir.
Cela se passe fin Janvier 1967, mais pour la compréhension de l'histoire, je remonte un mois avant.
Décembre 1966, Christophe est la vedette "américaine" de Claude François à l'Olympia.
Je suis dans la loge de l'interprète de "Aline", qui se couvre le visage de Max Factor Tan 2, comme tous les chanteurs avant de monter sur scène.
On frappe à la porte, c'est Christian le secrétaire de Claude François:
- Il y a quelqu'un qui apporte des costumes pour Christophe et je crois qu'il est avec Mireille Darc ...
Je vais voir et il y a bien un garçon qui porte des housses à costumes, à côté de lui ce n'est pas l'actrice mais une jeune femme dont je tombe amoureux sur l'instant.
Une passion partagée les jours suivants.
Dès la fin de l'Olympia, Christophe part à l'Alpe d'Huez, et moi je vis ma romance.
Fin Janvier 1967, le chanteur m'appelle. Il n'a plus un centime et des ardoises dans la station, il faut que je lui apporte de l'argent, la Carte Bleue n'existe pas encore.
Je réunis cinquante mille francs en visitant deux de ses éditeurs.
Et le soir même, je prends la route dans une DS conduite par André un ami de Christophe et un comptable qui a des papiers à faire signer.
Vers une heure du matin, nous arrivons à l'Hôtel Igloo qui a, au rez-de-chaussée, un bar ambiance night-club.
Christophe joue de l'harmonica et fait le bœuf avec des musiciens de Blues.
Je lui donne la mallette de liquide, il signe les papiers de l'homme de chiffres et nous sommes prêts au retour.
Nous, nous levons, au dernier moment Christophe me prend par le bras:
- Il faut que tu restes ! J'ai besoin de toi !
- Ah non !, j'ai rendez-vous avec Christina à 17H00 au Stella, je pars !!!
- Je te promets qu'on rentre à Paris demain matin !
Les autres s'impatientent, je cède.
Je vais à la réception de l'hôtel, ils sont complets... Pas d'autre solution que de dormir avec le chanteur.
Vers 7 heures du matin, le téléphone sonne, Christophe décroche:
- Oui... D'accord... À tout à l'heure.
Je l'interroge:
- Que se passe t-il ?
- Je t'avais dit qu'il ne fallait pas partir, ils ont raté un virage et sont tombés dans un ravin. Il faut passer à l'Hôpital de Bourg d'Oisans.
Christophe m'a habillé de vêtements frais en réglant en même temps ses ardoises chez les commerçants du bourg.
Nous prenons la route aussitôt.
Le chauffeur, peu blessé a pris un train pour Paris, mais le comptable... C'était comme dans un film, les membres suspendus par des poulies et bandé des pieds à la tête....
Il s'exprime difficilement, alors nous reprenons rapidement la route en lui souhaitant le meilleur.
Pour se remettre de nos émotions, nous avons fait halte chez Greuze à Tournus, un gastronomique où j'ai mangé la meilleure tranche de pâté en croûte de toute ma vie.
A table, j'ai insisté :
- Mais quelle idée de me demander de rester?
- Je ne sais pas, elle s'est imposée à moi...
Depuis, j'ai raconté à tout le monde qu'il m'avait peut-être sauvé la vie et à tout le moins, j'ai échappé à de longs mois d'hospitalisation, puisque j'aurais été assis à côté du chauffeur, comme à l'aller...
Merci Christophe !
Robert BONNARDOT
17 Mai 2020